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L'automne arrive... Et avec lui, le retour des épices

Les jours raccourcissent, l’air se rafraîchit, et le vent se lève… Nous sommes à la lisière de l’automne.

Dans environ 15 jours, la saison s’installera officiellement. C’est une période de transition où notre corps, tout comme la nature, se prépare au changement. En Ayurveda, c’est le moment idéal pour réintroduire progressivement les épices dans notre alimentation.


Mais avant tout, que dit l’Ayurveda sur les changements de saisons et l’hygiène de vie à adopter ?


Ritucharya : l’art de vivre au rythme des saisons


En Ayurveda, l’harmonie avec la nature s’appelle Ṛitucharya. C’est l’art de vivre en accord avec les saisons.


En sanskrit, Ṛtucharya (ऋतुचर्या) vient de deux mots :

« Ṛtu » (ऋतु) : saison, période cyclique, temps régulier, ordre naturel.

Et « Charyā » (चर्या) : conduite, pratique, comportement, routine, discipline, hygiène de vie.


Littéralement, cela signifie, la discipline ou la conduite adaptée aux saisons.

Plus communément, on le traduit par routine saisonnière, rituels de saison, mode de vie adapté aux saisons.


Ritucharya c’est l’art de synchroniser notre alimentation, nos habitudes et notre énergie intérieure avec le rythme des saisons et leur énergie. Une fois de plus, l’Ayurveda nous montre que la vie est cyclique et que tout est mouvement, écoute et adaptabilité.


Ce que disent les textes classiques de l’Ayurveda :


Les textes fondateurs de l’Ayurveda, comme la Charaka Saṃhitā et la Suśruta Saṃhitā, décrivent Ṛitucharya comme un pilier de la santé. Ils expliquent comment chaque saison influence nos doshas (Vata, Pitta, Kapha) et modifie notre digestion (Agni) ainsi que notre force vitale (Bala). Pour préserver l’équilibre, il est essentiel d’adapter son alimentation, ses habitudes quotidiennes, ses activités physiques et même son état d’esprit au climat et à l’énergie de la saison.


Les anciens disent : “Celui qui suit le rythme des saisons demeure en bonne santé, celui qui s’y oppose s’expose à la maladie.”

Ainsi, Ritucharya est bien plus qu’un ensemble de conseils pratiques, c’est une philosophie de vie qui nous invite à nous relier intimement aux cycles de la nature et à retrouver, à travers eux, notre propre équilibre intérieur.


La Charaka Saṃhitā (Sūtrasthāna 6), décrit la Ṛitucaryā comme un ensemble de règles concernant l’alimentation (āhāra) et le mode de vie (vihāra) en fonction des saisons, pour prévenir les maladies.


Dans la Suśruta Saṃhitā (Sūtrasthāna 24), le texte insiste sur le fait que l’humain, étant un microcosme de la nature, il doit s’adapter aux changements saisonniers pour maintenir l’équilibre des doshas.


Tout un chapitre de l’Aṣṭāṅga Hṛdaya (Sūtrasthāna 3) est dédié à la Ṛitucharyā, expliquant comment chaque saison influence les doshas et Agni, et donnant les ajustements précis à faire (diète, soins, exercices).


« Les quatorze derniers jours d’une saison et les quatorze premiers jours de la suivante sont appelés Ṛitu Sandhi. Durant cette période, l’individu ne doit pas changer brusquement ses habitudes, mais passer graduellement de la routine de la saison passée à celle de la saison suivante. »

Charaka Saṃhitā,

Sūtrasthāna 6, śloka 46-47

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Le passage des saisons


Au cœur même de la Ritucharya, se trouve l’idée de Ṛitu Sandhi (ऋतु सन्धि), il s’agit de la transition entre deux saisons.

« Ṛtu » = saison

« Sandhi » = jonction, intervalle, moment de passage

C’est littéralement « la jonction des saisons », le passage délicat entre la fin d’une saison et le début de la suivante.


Le texte classique, Charaka Saṃhitā, mentionne cette période de transition, et nous explique qu’elle constitue une période de fragilité pour notre organisme. Le corps n’appartient plus vraiment à l’ancienne saison et n’est pas encore adapté à la suivante. C’est pourquoi Charaka recommande de ne pas changer brutalement son alimentation ou son mode de vie, mais d’introduire les ajustements progressivement.


Ritu Sandhi s’étend environ deux semaines avant et deux semaines après la date officielle du changement de saison. C’est un moment délicat où notre organisme quitte l’énergie de la saison passée et commence à ressentir celle de la saison à venir.

En effet, pendant le Ṛitu Sandhi, le corps est plus vulnérable, le feu digestif peut devenir instable, les doshas fluctuent. C’est donc le moment idéal pour ajuster son alimentation et ses habitudes afin de préparer l’organisme.


Par ailleurs, quel que soit la période de l’année, à chaque transition de saison, le dosha Vata opère (même s’il n’est pas le dosha dominant à ce moment-là).

Vata, c’est l’énergie de mouvement, en nous et autour de nous. C’est pourquoi lors de tous changements de saison, Vata s’active en arrière-plan, créant un mouvement et une instabilité dans le corps-esprit, les doshas et l’environnement.

Le changement c’est du mouvement. Ainsi, on peut se rappeler qu’à chaque période de ritu sandhi, on va prendre soin de son vata également.


Ceci est d’autant plus vrai dans le passage de l’été à l’automne, car durant l’été, la chaleur (élément feu) réchauffe et assèche le corps. Cette chaleur intense augmente naturellement Pitta, mais fait aussi s'accumuler Vata, peu à peu, surtout en fin d’été lorsque l’air devient plus sec, plus léger, parfois venteux (sécheresse de la peau, agitation intérieure, digestion plus irrégulière).


Pour accompagner Vata et préparer le corps avec douceur, l’Ayurveda recommande de réintroduire progressivement dans notre alimentation des épices réchauffantes et digestives. Ces alliées naturelles soutiennent Agni (le feu digestif), apaisent le mental et nous aident à traverser le changement de saison en douceur.


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Les épices, de précieuses alliées à l’automne


Vous l’aurez compris (je rabâche 😅), l’automne est la saison où Vata dosha domine (éléments air et éther) dans la nature et en nous-même.


Ses qualités naturelles sont la légèreté, la sécheresse, le froid et la mobilité.

Si elles s’installent en excès, elles peuvent se manifester par :

- une digestion irrégulière

- des ballonnements

- de l’anxiété

- des insomnies

- une tendance à la sécheresse (peau, cheveux, nez, gorge, intestin…)

- une fatigue nerveuse

- un manque d’ancrage

- de l’instabilité


Les épices, douces et réchauffantes viennent alors équilibrer ces tendances. Elles apportent ancrage, chaleur et stabilité. Elles stimulent Agni et préviennent les lourdeurs digestives, aident à garder le mental clair et posé et favorisent une assimilation optimale des aliments.


Au-delà de leur qualités curatives et préventives, elles agissent aussi comme antidote alimentaire, en stimulant le métabolisme et les fonctions digestives.

Par exemple, les crucifères qui incluent des légumes tels que les choux, le brocoli, le navet, etc., sont des plantes à la saveur astringente et à la qualité asséchante, ce qui peut provoquer gaz intestinaux et ballonnements chez les constitutions Vata. Cependant, les cuire dans une matière grasse de qualité avec des épices chauffantes, digestives et carminatives comme l’asa foetida ou le cumin permettront une meilleure tolérance et assimilation.


Quelles épices privilégier à l’approche de l’automne ?


Si vous n’avez pas l’habitude d’utiliser les épices, vous allez voir que vous n’avez pas besoin d’avoir toute une panoplie, mais que quelques-unes suffisent au quotidien.

Ici, je ne parle pas d’ajouter du curry à vos préparations, mais d’explorer la saveur et les effets digestifs et post digestifs de quelques épices de base et herbes aromatiques de saison.


Quand on parle d’épices, on pense tout de suite aux saveurs lointaines venues d’Inde ou d’Orient, mais n’oublions pas que nous avons aussi de belles ressources dans nos régions de France : le laurier noble, le romarin, le thym, l’origan, la marjolaine, les graines de fenouil, la coriandre, l’aneth, la menthe, le persil…

Et aussi des épices qui s’adaptent à notre climat et qui peuvent être cultivés ici : poivre de sichuan, anis vert, carvi, safran, cumin, curcuma, gingembre, tulsi (basilic sacré), etc..


Les herbes méditerranéennes, en plus d’être locales et accessibles, sont de véritables alliées pour apaiser Vata et accompagner la transition vers l’automne avec chaleur et simplicité.


Herbes aromatiques ou épices ?


D’un point de vue botanique, les épices proviennent surtout des graines, racines, écorces ou fruits séchés, tandis que les herbes aromatiques désignent les feuilles vertes comme le thym, le romarin, le basilic ou la menthe. Mais dans la cuisine ayurvédique, la frontière s’efface.

Et qu’il s’agisse d’une herbe méditerranéenne ou d’une épice indienne, l’important est son Rasa (sa saveur), son Virya ( son énergie : chaude ou froide), et son Vipaka (son effet post digestif)

Par exemple, le thym et le romarin sont considérés comme chauffants, stimulants pour Agni (le feu digestif), et bénéfiques pour Vata, ce qui les rend tout à fait comparable à des épices indiennes.


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Voici quelques épices que vous pouvez ajouter à votre quotidien (d’ici ou d’ailleurs) :


La cannelle : réchauffante et douce, elle stabilise Vata et apporte un parfum réconfortant.


La cardamome : stimule la digestion en augmentant les sécrétions des sucs gastriques, parfume les plats et calme l’esprit.


Le gingembre : stimule Agni, aide à soulager les gaz et la constipation, aide à prévenir les refroidissements, réchauffe en profondeur.


Le clou de girofle : puissant et chauffant, il facilite l’absorption, il apaise les inconforts digestifs et soutient l’immunité (à utiliser en petite quantité).


Le fenouil : stimule le système digestif, réduit les ballonnements et soutient une assimilation fluide. Épice digestive et diurétique.


Le cumin : réchauffant, équilibrant et carminative, il aide à diminuer Ama et les gaz, il soutient la digestion et stabilise Vata. Il aide à diminuer Ama (les toxines). Il améliore l’absorption des minéraux dans l’intestin, régule le transit et soulage les spasmes.


Le laurier noble : réchauffant et carminatif, il prévient les ballonnements. Calmant.


Le thym : réchauffe le corps, stimule la digestion. Légèrement tonique.


Dans mes ebooks de recettes d’automne et d’hiver, vous avez dû voir passer l’asafoetida, cette fameuse épice (résine) très prisée en Inde, qui est d’un grand soutien pour Vata !


L’asafoetida, la férule persique : carminatif puissant, stimule Agni, réduit les gaz et ballonnements, réchauffe le système digestif lors des saisons froides et sèches.


Comment les intégrer ?


Les épices s’intègrent avec simplicité dans les repas quotidiens.

Vous pouvez par exemple :

- Ajouter cannelle, gingembre et cardamome dans une tisane du matin,

- Parfumer une compote de pommes ou de poires avec un bâton de cannelle et une pincée de clou de girofle, ou du gingembre frais râpé.

- Ajouter un peu de cumin et fenouil dans une soupe de légumes de saison

- Préparer un lait doré doux avec du lait végétal, du gingembre, de la cannelle et un soupçon de muscade

- Agrémenter votre porridge du matin d’un mélange doux de cannelle ou de cardamome


D’ailleurs, si vous avez l’habitude d’utiliser les épices à la française, c’est-à-dire à ajouter une pincée d’épice en fin de cuisson ou à saupoudrer sur votre plat. Je vais vous partager la façon de potentialiser leur pouvoir et leur saveur en les utilisant à l’indienne.

On prépare ce que l’on appelle un « Tarka ». Cela consiste à faire revenir, 1 à 2 minutes, les épices dans l'huile pour libérer les saveurs et vertus et ainsi obtenir un plat très aromatique (avant d’y ajouter les autres ingrédients qui vont mijoter).


À l’approche de l’automne, ces épices deviennent des alliées précieuses pour apaiser Vata et traverser le changement de saison avec douceur.


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Recettes coup de cœur


Infusion chauffante pour Vata :


Tisane apaisante d'automne


1 bâton de cannelle

3 gousses de cardamome écrasées

3 rondelles de gingembre frais (ou ½ c. à café de gingembre en poudre)

250 ml d’eau


Faire frémir 5 minutes. Hors du feu, laisser reposer à couvert. Filtrer et boire chaud.


Cette tisane réchauffe, stimule la digestion, apaise le mental.


Lait doré spécial Vata


Le soir, pour se réchauffer et calmer l’agitation de Vata, rien de tel qu’un lait doré doux et épicé.


Ingrédients (1 tasse)

- 250 ml de lait végétal (amande ou avoine de préférence, car plus nourrissants)

- ½ c. à café de curcuma en poudre

- ½ c. à café de cannelle en poudre

- 1 pincée de gingembre en poudre (ou 2 fines rondelles fraîches)

- 1 pincée de cardamome

- 1 petite pincée de muscade (facultatif, pour favoriser le sommeil)

- ½ c. à café de ghee ou huile de coco

- ½ à 1 c. à café de miel ou de sirop d’érable (à ajouter hors du feu, une fois tiédit)


Préparation

Faire chauffer doucement le lait avec les épices et le ghee.

Laisser frémir 5 minutes en remuant.

Retirer du feu, laisser tiédir légèrement, puis ajouter le miel.


À déguster bien chaud, le soir, comme un rituel réconfortant avant le coucher. Ce lait d’or réchauffe, nourrit les tissus, apaise le système nerveux et favorise un sommeil profond.


Variante pour encore plus apaiser Vata :

Remplacer le ghee par 1 c. à soupe de purée de sésame (tahin) pour une boisson encore plus onctueuse. Le sésame, riche et onctueux, apaise la sécheresse de Vata, soutient les os et le système nerveux, tout en apportant une chaleur douce et durable.


Belle transition à vous !


Pour approfondir je vous invite à lire mon article précédent "pas de vacances pour votre équilibre" qui parle des cycles naturels des doshas : Sanchaya, prakopa, prashama.


Et pensez à mon ebook de recettes ayurvediques d'automne pour une saison équilibrée !


Elsa

Anahata Nîmes Ayurveda

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